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Les groupements d'employeurs se développent en Bretagne

Par Flavien Chantrel | Publié le 06/09/2007 - Mis à jour le 05/02/2015

Vénétis, groupement d'employeurs du pays de Vannes, fête ses dix ans d'existence. Ce concept représente une solution d'avenir pour créer et maintenir localement des emplois dans les TPE et PME. Le principe est simple : les entreprises se regroupent pour recruter en CDI des salariés qui travaillent en temps partagé. Ce modèle de "flexi-sécurité" où tout le monde est gagnant est déjà bien développé en Bretagne. Explications avec Franck Delalande, directeur du groupement d'employeurs Vénétis.

Quel est l'origine et le fonctionnement des groupements d'employeurs ?

C'est un système qui est né dans l'agriculture en 1985. Le groupement d'employeurs multisectoriel comme Vénétis s'est développé en France depuis 1995. C'est une association loi 1901 à but économique. Vénétis fait de la prestation de services auprès de nos adhérents mais sans but lucratif. Les adhérents sont des entreprises et le groupement est piloté par un président élu et un conseil d'administration. La structure de gestion que je dirige est mise en place à partir du moment où il y a suffisamment d'emplois à gérer.

Venetis fête cette année ses dix ans d'existence...

Oui. Le groupement d'employeurs Vénétis a été créé en 1997 par 16 entreprises du pays de Vannes. C'est un système très territorial monté par et pour les entreprises. Aujourd'hui nous comptons plus de 150 adhérents et nous employons 90 personnes. En dix ans, nous avons créé plus de 500 emplois.

Quelles sont les motivations des entreprises qui adhérent à un groupement d'employeurs ?

Aujourd'hui les entreprises adhèrent à un groupement d'employeurs pour trois besoins de gestion des ressources humaines. Le premier besoin concerne les entreprises avec une activité saisonnière. Le deuxième intérêt c'est le besoin de compétences à temps partiel. Avec deux ou trois temps partiels, le groupement d'employeurs recompose un temps plein en CDI pour le salarié. Vénétis s'est beaucoup développé sur ce créneau, notamment pour les fonctions transverses : ressources humaines, maintenance, sécurité-environnement... Cela permet aussi aux TPE de se structurer, avec des compétences en comptabilité-gestion. Le patron peut ainsi se concentrer sur son coeur de métier, rester en contact avec ses clients et se libérer de toutes les tâches administratives. Et le troisième besoin concerne un principe organisationnel sur toutes les récurrences des entreprises, notamment à la journée. La livraison des journaux, les mises en rayon, l'hôtellerie-restauration...

Les salariés apprécient ce système, faut-il avoir des dispositions particulières pour s'épanouir dans un travail à temps partagé ?

Oui, il faut développer une certaine adaptabilité et être bien organisé. L'intérêt c'est que la personne s'enrichisse de cette double expérience. Mais chaque emploi et chaque personne est spécifique. Notre job c'est justement de les accompagner dans leur parcours professionnel. A nous de leur donner tous les outils et les formations pour évoluer.

C'est vraiment un modèle de flexi-sécurité à la française...

C'est un vrai système spécifique à la France qui commence à être copié en Belgique, en Allemagne, au Québec... Le groupement d'employeurs répond aux problèmes de recrutements, de chômage. C'est aussi une solution pour les entreprises qui doivent se structurer pour faire face à la concurrence internationale. Le GE répond également à tous les principes de territorialité, de développement durable. Quand on monte un groupement d'employeurs, on maintient des emplois sur le territoire, plutôt que de laisser partir à Paris des jeunes formés dans les universités bretonnes. Le GE est un vrai outil pour les PME et les TPE. C'est un système où tout le monde est gagnant : le salarié y gagne sur la sécurité et le dynamisme de l'emploi, l'entreprise se structure et peut se développer, le territoire garde des compétences, des entreprises qui se développent, des consommateurs et contribuables... Et le groupement d'employeur est une nouvelle entreprise gagnante avec 90 employés et près de 2 millions et demi de CA.

D'ailleurs la Bretagne est une région pilote en ce qui concerne les groupements d'employeurs ?

La Bretagne a toujours eu un axe de mutualisation fort qu'on retrouve au travers des coopératives, de l'agriculture... C'est une région propice pour développer des groupements d'employeurs multisectoriels car les entreprises se connaissent et ont l'habitude de travailler ensemble. En septembre 2006, 10 GE ont créé le Centre de Ressources des Groupements d'Employeurs (CRGE) de Bretagne. Le but est de professionnaliser nos pratiques, de faire de la communication et du lobbying. Car c'est un concept encore méconnu même s'il a fait ses preuves à Quimper, Loudéac, Saint-Malo, Dinan, Landivisiau... Rennes.

> Franck Delalande est également co-auteur avec Lionel Buannic du livre "Groupement d'employeurs, mode d'emploi", Editions Eyrolles, 2007.

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